C’est Marguerite-Antoinette Lemot, fille de Barthélémy Lemot (maire de Clisson en 1851) et petite-fille de François-Frédéric Lemot (sculpteur), qui fit construire le théâtre du Tivoli. Elle était l’épouse de Georges-Elie Pradier, lieutenant de vaisseau (mariage célébré à Paris le 21 décembre 1881).
Le 27 février 1897, Pauline-Frédérique-Elisa Valentin vend un terrain à Marguerite-Antoinette Lemot (petite-fille du baron François-Frédérique Lemot) pour la somme de 27 000 francs. Ce terrain d’environ 1 hectare dépendait autrefois de l’ancien couvent des Cordeliers établi dans la paroisse de la Trinité. À noter que Marguerite-Antoinette Lemot est divorcée depuis peu, le Tribunal ayant prononcé la séparation de corps avec son époux, Georges-Elie Pradier le 22 janvier 1897.
Dès 1898, Marguerite-Antoinette fait édifier, à ses frais, la Villa des Cordeliers. Elle affectionne les arts : théâtre, fêtes historiques, musique … Elle décide de faire construire une salle de spectacle sur une partie de terrain jouxtant sa villa. En 1905, elle sollicite l’entrepreneur clissonnais, Félix Renaud, pour construire l’édifice. Les bâtiments, appareillés en brique, présentent une architecture à la clissonnaise. Elle nomme cette salle de théâtre : « le Tivoli « . De nombreux spectacles y furent donnés.
Le 13 avril 1925, Marguerite-Antoinette décède. Elle ne laisse aucun héritier ayant droit à une réserve dans sa succession. Son testament olographe, datant du 4 septembre 1924, désigne son neveu, Maurice-André-Joseph Lemot[1], baron de Clisson, comme légataire universel. Il hérite des biens et de la fortune de Marguerite-Antoinette Lemot, mis à part la propriété des Cordeliers (y compris le théâtre) qui est léguée à un couple d’amis de la défunte : Monsieur et Madame Mandrin.
Les époux Mandrin entrent en possession de la propriété des Cordeliers (y compris le théâtre) le 6 mai 1926. Le 24 octobre 1928, ils revendent[2] ce bien pour la somme de 190 000 francs à un riche industriel de Cholet, Monsieur Alexis-Félix Guérineau[3]. Celui-ci décèdera en 1932.
Le 23 mars 1933, en l’étude de Me Baret, notaire à Cholet, il est procédé, entre Mme Veuve Guérineau (née Louise-Victorine Michot) et sa fille Mme Morellet, à la liquidation et au partage des biens dépendant, tant de la communauté ayant existé entre M. et Mme Guérineau, que de la succession de M. Guérineau. Au terme de cet acte, la propriété des Cordeliers est attribuée en pleine propriété à Mme Guérineau.
Le 23 mars 1934, Mme Louise-Victorine Michot, veuve de M. Alexis-Félix Guérineau, demeurant à Cholet, vend le théâtre à la ville de Clisson[4] pour la somme de 50 000 francs, auxquels s’ajoute la somme de 15 000 francs pour couvrir les frais d’actes et d’enregistrement, ainsi que le coût d’une partie du mur de clôture[5]. Le tout représente une superficie totale de 779 m².
Mme Guérineau reste propriétaire de la villa des Cordeliers. A son décès, celle-ci revient à sa fille et son gendre M. et Mme Morellet.
De 1934 à 1939, la ville de Clisson utilise le théâtre comme lieu de réunions ou manifestations diverses et procédera en 1940 à des travaux de rénovation de la toiture..
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Tivoli servira de dépôt d’armes, dans un premier temps, aux troupes françaises puis, dans un second temps, aux troupes allemandes. L’intérieur du théâtre subit alors de nombreuses dégradations. Les sous-sols abritent également durant cette période, quelques uns des cours dispensés aux jeunes Clissonnais.
Dans la nuit du 30 août 1944, Clisson est à nouveau bombardé. Le bâtiment est touché. Il faudra attendre la fin des hostilités pour envisager les réparations.
L’aménagement du théâtre municipal en salle des fêtes est à l’ordre du jour du conseil municipal du 16 juin 1946 (F° 477). En octobre de la même année, les travaux de réfection de la salle des fêtes sont approuvés par la ville de Clisson. M. Jean Maeder, architecte nantais, établit un devis estimatif pour une restauration à l’identique permettant, ainsi, de retrouver le bien tel qu’il se présentait avant le sinistre. A partir de décembre 1946, le bâtiment est profondément réaménagé et transformé en salle de cinéma.
Il s’agit maintenant de désigner un exploitant pour la salle de spectacle. Trois candidatures sont adressées à la mairie. Finalement le choix se porte sur la société “Les Transactions Internationales de Paris” dont M. Audren est le principal associé et M. Mintiguiaga, le gérant. Le 17 décembre 1948, la commune de Clisson confie la gestion du Tivoli à la société “Les Transactions Internationales de Paris”. Dans le cahier des charges, il est relevé : 256 places d’orchestre, 151 en balcon et 8 en loge, soit au total une capacité de 415 sièges. Le bail consenti à la société est pour une durée de cinq ans, renouvelable. Cette durée sera portée à 9 ans en avril 1949.
Par la suite, divers aménagements seront réalisés, tels : un escalier métallique de secours à l’arrière du bâtiment (sept. 1952), un logement pour le gérant dans le sous-sol de la salle de spectacle (déc. 1952), un plafond arbotithe au-dessus de la scène, l’achat de matériels divers en 1954 (fauteuils, strapontins, rideaux, écran panoramique …), l’installation du téléphone (1954), l’élargissement de la scène (1959).
Lors de sa séance du 26 mai 1972, le conseil municipal délibère et décide de vendre le Tivoli.
Le 10 janvier 1973, Madame Lavenu, gérante de la salle, se porte acquéreur du bâtiment lors de la vente par adjudication publique, pour la somme de 120 000 francs. C’était alors une salle de 350 m² de superficie totale. Au fil des années, l’activité cinématographique, non rentable, contraint la propriétaire à revendre le Tivoli-cinéma.
Fin 1986, la ville de Clisson rachète à nouveau le bâtiment pour 400 000 francs. Quelques spectacles y seront donnés. Déplorant l’absence d’une vraie programmation, afin de lui donner une véritable dimension culturelle, la municipalité élabore un projet en 1988. Le devis des travaux se monte à plus de cinq millions de francs, il n’y sera pas donné suite car jugé trop coûteux. En 1993, la commission de sécurité de l’arrondissement de Nantes dresse la liste des travaux à réaliser. Dans un premier temps, la mise aux normes des installations électriques est entreprise puis, très vite abandonnée devant l’ampleur des travaux à effectuer. La municipalité renonce au projet de réhabilitation et procède à la fermeture du Tivoli. Après cette date, le bâtiment sera à l’abandon. Le 7 juillet 2008, un incendie endommage gravement la toiture et détruit intégralement l’intérieur du bâtiment.
[1] Maurice Lemot est le fils de Nicolas-Frédéric-Olivier Lemot et de Marie Peltier. Son grand-père est Barthélémy-Frédéric-Olivier Lemot époux d’Augustine-Elisabeth Goimbault. Son arrière grand-père est François-Frédéric Lemot (sculpteur) époux de Geneviève Jaquinet.
[2] Acte passé en l’étude de Me Dagault, notaire à Nantes le 24/10/1928.
[3] Alexis-Félix Guérineau : élu maire de Cholet en décembre 1919, réélu en mai 1929.
[4] M. Ferdinand Albert est le maire de la ville.
[5] Délibération communale de la ville de Clisson 23 mars 1934 – F° 113.
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