Le musée-école de Clisson, fondé en 1799 par Pierre et François Cacault, marque de manière pertinente l’histoire de la reconstruction de Clisson, après les ravages causés par la Révolution. La création d’un musée-école, à partir d’une collection rassemblée par un amateur passionné, est intimement liée aux réflexions de la fin du XVIIIe siècle concernant l’instruction, l’accessibilité au patrimoine et la décentralisation de l’art.

  • Pierre Cacault (1744-1810), nantais d’origine, a fait des études d’urbanisme et de dessin artistique. Passionné par la peinture, il part étudier cet art en Italie (Rome). Il va y restera une vingtaine d’années. Lorsqu’il revient à Nantes, vers la fin des guerres de Vendée (1796), il découvre la petite ville de Clisson que les habitants ont désertée et qui n’est plus qu’un amas de décombres. Cependant, la beauté du paysage, le pittoresque des sites, des rochers, des cascades, des ruines même, l’enchantent et il prend la décision de s’établir sans tarder dans cette bourgade.
  • François Cacault (1743-1805), frère aîné de Pierre, a résidé également longtemps en Italie où il a rempli auprès des différentes cours de ce pays des fonctions diplomatiques importantes. Il est lui aussi un amateur d’art très éclairé. Dès 1785, il va consacrer la plus grande partie de sa fortune à rassembler une immense collection constituée de tableaux, statues, gravures et objets.
  • Le 5 août 1798, dans le cadre d’une vente aux enchères d’un bien national, Pierre Cacault achète l’ancien presbytère de la Madeleine, en partie détruit, au nom de son frère François, pour la somme de 33 000 francs. Sans tarder, des travaux de restauration sont engagés et rapidement terminés. Les deux frères décident d’un commun accord de consacrer un espace pour réunir leurs collections et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Selon eux, la création d’un musée-école à Clisson devait inciter la venue d’artistes, voire de curieux, de favoriser l’émergence d’une nouvelle industrie dans le canton et de ramener une population malmenée par la guerre civile.
  • Pierre dirige les travaux qui s’étalent de 1799 jusqu’en 1804. Le musée est construit dans le prolongement de la maison d’habitation. Il comprend trois grands bâtiments d’un étage, organisés autour d’une cour carrée. A l’étage, les façades sont pourvues de grandes fenêtres rectangulaires apportant la luminosité nécessaire à l’exposition des œuvres. Une gravure de Thiénon, publiée en 1817 dans « Voyage pittoresque dans le bocage de la Vendée ou vues de Clisson et de ses environs (Paris, Didot) » représente les bâtiments. Une quatrième aile, exposée à l’Est y figure, mais celle-ci ne fut jamais terminée. Dans un souci pédagogique, les œuvres sont regroupées par genre : paysages, batailles et portraits, sujets historiques et religieux… La collection Cacault propose un ensemble assez vaste de l’art occidental des XVIIe et XVIIIe siècles.
  • Huet, dans ses « recherches économiques et statistiques sur le département de la Loire-Inférieure (Nantes, an XII) » indique que « la commune de Clisson possède la plus riche collection de tableaux qui existe hors de la capitale …».
  • Au printemps 1805, François Cacault s’installe avec son frère à Clisson. Il y décède quelques mois plus tard (octobre). Sa mort marque la fin de l’expérience du musée-école. Pierre a peu de fortune et le montant des frais de la succession le contraint à vendre les collections. Toutes ses démarches s’avèrent infructueuses. Grâce à l’intervention du maire de Nantes, Jean-Baptiste Bertrand-Geslin, propriétaire du domaine de l’Oiselinière à Gorges, des négociations s’engagent avec la ville de Nantes. Pierre Cacault accepte les propositions le 27 août 1809. Le décret approuvant l’acquisition des collections par la ville de Nantes est signé le 27 janvier 1810. Pierre Cacault meurt deux jours plus tard.Les inventaires dressés en 1808 font apparaître :
    1 155 tableaux
    64 sculptures
    10 676 gravures (dont 134 volumes in-folio reliés, composés de 6 370 gravures classées par école et par genre)
  • Les collections restent un premier temps à Clisson (1813), puis sont réparties dans toutes les administrations de la ville de Nantes jusqu’à leur regroupement à la Halle aux Toiles où, après aménagement des lieux, un musée est inauguré le 1er avril 1830. Les collections constituent aujourd’hui un fonds d’art ancien très important pour le Musée d’Arts de Nantes.